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Ombres

Najati Al-Bukhari

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La peur

Un autre petit, un de mes amis, avait l'habitude étrange de courir dans tous les sentiers et les allées étroites de notre quartier en criant à voix très haute: "le monstre, le monstre à plusieurs têtes me chasse partout dans mon réveil aussi bien que dans mon sommeil, chez moi aussi bien que au dehors. Le monstre me menace sans cesse et sans merci. Le monstre m'accompagne jour et nuit, il ne me laisse pas seul. Le monstre a l'intention de m'écraser. Sauve-moi du monstre horrible. Il me poursuit pour me tuer."

Ce petit a commencé depuis qu'il avait trois ans à prétendre qu'un monstre le poursuivait n'importe où il était et dans n'importe quel temps. Quand il courait dans les sentiers il avait souvent les pieds nus et quelquefois il était sans robe, ou presque nu. De temps en temps, il versait des larmes ou il poussait des gémissements de douleur. Quand il courait plus vite que possible, il se tournait sur les talons, de temps à l'autre, derrière lui pour voir si le monstre le poursuivait encore.

Personne dans les sentiers et les allées n'essayait de l'arrêter ou de lui poser des questions à propos du monstre qui le chassait sans cesse. Tout le monde s'habituait à voir ce petit dans cette situation pitoyable et lamentable. Néanmoins, le petit ne cessait pas de prononcer le mot monstre même dans son sommeil. Chaque jour, il s'imaginait que ce monstre horrible le poursuivait et le chassait.

Bien entendu, tous les autres petits du quartier au commencement de l'histoire ne croyaient pas que ce monstre existât dans le quartier. Peu à peu, et avec le passage des jours et avec la prétention persistante et constante que le monstre actuellement existait, les petits du quartier croyaient que ce monstre vraiment existait dans notre quartier. Chacun des mes amis avait son histoire concernant la nature et la physionomie du monstre. En effet, chacun l'avait décrit selon son imagination.

-J'ai aujourd'hui témoigné le monstre qui chassait notre ami le petit garçon. A vrai dire, il ressemble à un énorme loup aux sept têtes. Dit un des petits garçons qui se trouvaient dans la Grand-Place du quartier.

-Ce que j'ai vu chassant le petit n'était pas un monstre semblable à un loup. Non, non, le monstre que j'ai vu était un homme d'une grande taille, mais ses mains n'étaient que des serpents noirs qui s'étendaient pour agripper le petit qui courait très vite pour s'échapper à la menace des serpents. Dit un autre petit garçon.

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-Ce que j'ai vu chassant le petit garçon n'était ni un animal ni un être humain. Ce que j'ai vu m'horrifiait énormément et je sentais qu'il était en train de me chasser au lieu de chasser le petit. C'était un vrai monstre, une créature comme une pieuvre à plusieurs têtes, mains et jambes. Tandis qu'il chassait le petit, il jetait des flammes brillantes de ses plusieurs bouches. Je constatais que le petit courait plus vite que le monstre. C'était pourquoi le petit garçon n'était jamais brûlé. Dit un autre petit.

Peu à peu tous les petits garçons du quartier avaient établi une image définitive du monstre qui poursuivait et chassait le petit. Chacun dessinait une image de son monstre qui était différente de celles des autres. Très rapidement et dans une façon inattendue la peur se répandait partout dans le quartier. La place de la mosquée, les sentiers et les allées se vidaient des petits garçons. Les adultes du quartier avaient réalisé qu'un phénomène étrange avait lieu qui terrifiait les petits garçons.

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Evidemment, le monde des monstres n'existait pas pour les adultes. Ceux-ci s'étonnaient du comportement des petits. Car tous les petits restaient chez-eux de peur que le monstre ne les avalât. Même quand les petits ne quittaient pas chez eux, ils s'imaginaient que le monstre les attendait à la porte toujours prêt à les ronger, à les mâcher, à les avaler ou à les torturer.

Plus tard, et avec le passage lent du temps, l'idée de l'existence du monstre devient un vrai cauchemar pour tous les petits garçons. Beaucoup d'entre eux avaient des nuits blanches et ne pouvaient pas dormir parce qu'ils s'imaginaient que le monstre se trouvait près de la fenêtre ouverte prêt à entrer dans la chambre pour les enlever et les amener au désert voisin.

Notre amusement dans la Grand-Place et dans la source et le cours d'eau s'était interrompu pour plusieurs jours. Tous mes amis, les petits garçons, croyaient avec certitude que le monstre n'hésitera pas à leur rendre une visite nocturne à minuit. Les mères dans notre quartier plus que les pères, petit à petit, se convainquaient que le monstre existait. Donc les mères étaient devenues extrêmement soucieuses de ne pas laisser leurs petits sortir pour s'amuser dans les sentiers et dans la Grand-Place. Celles qui étaient soucieuses d'envoyer leurs enfants à l'école de la mosquée pour apprendre à réciter le Coran par cœur avaient demandé du Sheikh de se rendre chez les enfants.

Une fois dans une réunion sociale des femmes du quartier le sujet du monstre qui chassait les petits garçons fut discuté avec intérêt et enthousiasme.

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-C'était Ali, le fils d'Abu Rajab qui a commencé toute cette histoire incroyable et énigmatique. Il sort encore de chez lui et court sans cesse dans les sentiers et les allées en disant que le monstre le poursuit et le chasse. C'était lui qui a commencé cette histoire de la peur du monstre. Tous les autres petits garçons imitent Ali. Je me demande comment l'on peut expliquer logiquement ce comportement étrange du petit. Nous entendons toujours des cris des enfants venant de l'intérieur de la maison d'Abu Rajab, mais nous n'avons pas découvert ce qui se passait à l'intérieur de ce foyer. Quand tous les membres de cette famille sortent de chez eux ils ressemblent des gens normaux à l'exception de leur petit garçon qui sort de l'intérieur en courant et en disant que le monstre le poursuit. Dit une voisine de la famille d'Abu Rajab.

-Il me semble que le foyer du boulanger du quartier est une énigme, un mystère. Personne n'avait jamais pénétré chez cet homme. Par conséquent des rumeurs circulent à propos de la vie familiale à l'intérieur du foyer. Dit une autre voisine d'Abu Rajab.

-Il faut élaborer en détails et en précision ce que nous disons et ce que nous voulons dire. Il ne faut pas parler sur la vie privée de cet homme dans une façon vague, incompréhensive et ambiguë. Qu'est-ce qui se passe à l'intérieur de la maison d'Abu Rajab? Cet homme répand la peur pas seulement chez lui mais aussi dans tout le quartier. Sa réputation est devenue tellement mauvaise qu'on veut sincèrement pénétrer chez lui même furtivement pour découvrir la réalité. Rétorqua une autre femme qui ne cessait pas d'avaler des gorgées de la tasse de café. Elle fumait nerveusement une cigarette après l'autre de sorte que toutes les autres se mettaient à tousser intensément.

-Les hommes du quartier doivent résoudre le problème avant qu'il ne devient un désastre. Les monstres qui n'existent que dans l'esprit des gens, sont en train, comme une épidémie contagieuse, de frapper tout le monde. Chacun, un jour, de tout âge, s'imagine que le monstre vraiment existe. Dit une autre jeune femme.

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-On ne doit pas ignorer le problème qui se pose aujourd'hui. Il me semble que c'est une maladie qui frappe aveuglement l'esprit de l'homme. Cependant, je suis sûre qu'il y a une explication à ce problème du monstre. Dit une autre jeune femme qui était la mère de cinq enfants dont deux étaient de petits garçons, de quatre et cinq ans.

La discussion se poursuivait pour quelque temps. En effet, le sujet du monstre dominait le discours de tout le monde. Il n'y avait pas de temps pour raconter toutes les histoires sur la vie des gens dans le quartier. Chacune qui assistait à la réunion avait parlé longuement et avec enthousiasme mais sans arriver à une conclusion définitive.

Quant à moi, Amin, je me demandais, quand l'histoire est devenue presque une réalité, si le monstre actuellement existait dans notre quartier. Car dans mon cas je ne croyais pas qu'un tel monstre existât, sauf bien sûr, dans l'imagination des petits ou même, dans l'imagination collective des habitants du quartier. Je me disais que vraisemblablement la raison de l'existence d'un monstre devait-elle être cherché dans le comportement des chefs et des maîtres de la communauté qui cachaient leur mauvaise nature derrière un voile d'innocence et de sagesse.

Je me déplaçais seul, sans accompagner aucun petit, partout dans le quartier. Pourtant, je n'avais constaté l'existence réelle de ce monstre qui chassait le petit Ali. Bien que je fusse sûr qu'un nombre d'hommes que je rencontrais dans la Grand-Place et les sentiers se déguisèrent derrière un masque humain, la plupart entre eux, étaient méchants et aussi cruels et féroces qu'un monstre.

Un matin d'un jour très ensoleillé et chaud, je me glissais de chez moi sans attirer l'attention et je me suis rendu chez le petit qui était le premier d'avoir eu peur d'un monstre qui le poursuivait. J'avais l'intention de lui demander de m'accompagner aux sentiers de notre quartier et surtout à la Grand-Place où se rassemblaient les hommes sages de notre communauté afin qu'il me montrât le monstre qui le poursuivait.

J'ai frappé la porte de sa maison plusieurs fois. La maison était comme une forteresse. Les fenêtres de cette maison étaient petites comme des trous dont personne ne pouvaient s'en sortir. Chaque fenêtre avait des barreaux qui ne permettaient pas même à un très petit oiseau de s'en voler. J'ai frappé encore une fois. Personne ne répondit. Tandis que je me patientais en attendant soit l'ouverture de la porte soit une réponse venant de l'intérieur, un type de bruit retentissant venait de la maison forteresse. Je me réfléchissais pour identifier la nature et la source du bruit. Bien entendu, j'étais envahi par la peur de l'inconnu. Le bruit n'était pas discernable. Jamais dans ma vie de six ans je n'avais entendu un tel bruit. Probablement, me disais-je, qu'il venait d'un groupe des monstres qui s'attaquaient sauvagement dans la jungle et qui se déchiraient sans pitié. Peut-être, venait-il d'un autre monde que le nôtre. Peu à peu, j'étais dans une position d'arrivée à une conclusion définitive concernant la source du bruit. C'était un monstre, un seul monstre, qui poussait des cris. Il y avait un seul monstre dans la maison.

J'ai frappé la porte plusieurs fois. Tout soudain, la grande porte s'ouvrit graduellement. Dans son encadrement se présentait un vrai monstre. Son corps fut celui d'un être humain mais il avait plusieurs têtes d'animaux différentes: d'un âne, d'un chien, d'un gorille, d'un chat, d'un loup, d'un renard et au-dessus de tout d'un serpent à sonnettes. Chaque tête poussait des cris différents et chaque tête s'activait de chercher quelque chose à dévorer et à avaler. Au même temps, le monstre avait des mains innombrables, mais toutes semblaient des serpents noirs. Quant à son corps, bien que celui d'un être humain, il fut totalement poilu. J'étais étonné et tellement surpris que j'étais en train de me sauver d'une éventuelle attaque du monstre. Je n'avais jamais vu une telle créature dans notre quartier, ni même dans mes rêves. Les contes folkloriques racontés par ma mère ne parlaient jamais d'un tel monstre.

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En me trouvant tout à coup devant ce monstre je me demandais si j'étais en rêve. Je me frottai les yeux pour être sûr que j'étais devant la réalité. Cependant le monstre m'adressait les paroles en disant:

-Ne te frotte pas les yeux car tu n'es pas en rêve. Je suis le père de ton ami, mon petit Ali. Qu'est-que tu veux? Pourquoi es tu tellement surpris? Est-ce que tu me trouves un monstre? Je suis Abu Rajab, le père d'Ali, ton ami, je suis le Boulenger du quartier. Je souffre d'une fièvre très élevée. Je suis malade. C'est pourquoi tu me trouves maintenant chez moi et ne pas dans ma boulangerie.

A ce temps-là, j'avais à peine six ans. J'étais comme un nain se mettant debout devant ce monstre horrible.

-Peut-être, lui demandais-je dans une voix basse et tremblante, me suis-je trompé. Je cherche mon ami Ali qui a peur d'un monstre. Mais il me semble que je me suis trompé. Parce que je ne crois pas que son père soit actuellement un monstre.

-Duquel monstre parles-tu? Je ne comprends pas ce que tu dis. Est-ce que tu es sûr que c'est la maison que tu cherches? Duquel monstre parles-tu? Est-ce que tu t'imagines que tu es dans une jungle, ou quoi? Dit Abu Rajab dans une voix d'un être humain.

-Je doute que tu sois Abu Rajab. Non, non, je ne vois devant moi qu'un monstre. Rétorquai-je en tremblant de la peur qui m'envahit.

-Ecoute-moi Amin, tu t'es trompé. Regarde attentivement, je suis un être humain, je suis le boulanger du quartier et tout le monde me connait sans exception. Dit Abu Rajab, le monstre.

En écoutant le monstre parler, je commençais de croire qu'il y avait dans cette situation une énigme. La situation n'était pas normale. Je me disais qu'il fallait trouver une réponse, une explication pour cette situation incroyable et étrange. Le monstre était encore debout devant moi à l'intérieur de la porte. Ses têtes ne cessaient pas de bouger et de me regarder. Le monstre enfin m'invitait à entrer dans la maison.

-Entre, mon petit Amin, entre, Ali est encore endormi dans la chambre à coucher avec ses quatre sœurs. Entre, Um Rajab va préparer pour toi et pour Ali le petit déjeuner le plus copieux. Tu vas goutter notre fromage blanc et le pain qui ma femme cuit dans le four derrière la maison dans la cour. Dit le monstre.

J'étais étonné aussi bien que stupéfié. J'hésitais beaucoup à entrer dans la jungle. Car petit à petit je constatais que le foyer d'Abu Rajab n'était qu'une jungle.

-Viens, entre, ne sois pas timide et prudent. Ali ne se tardera pas de se réveiller pour prendre le repas avec toi. Normalement il se réveille à ce temps-là du matin. Reprit Abu Rajab à m'adresser.

Cependant, j'étais encore hésitant. Je ne voulais pas risquer d'entrer dans un monde qui me semblait sauvage autant que insolite. Tout soudain et de façon inattendue je me trouvais prisonnier dans les mains serpents du monstre.

-Lentement, ne sois pas pressé. Doucement, monte les cinq marches. Maintenant, tu es chez moi. Tu as traversé le seuil de mon foyer. M'adressait les paroles Abu Rajab comme si j'étais aveugle ou comme si j'étais un petit bébé. Néanmoins, j'obéissais ses instructions et ses ordres.

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Immédiatement après mon entrée dans la maison de mon ami Ali, le monstre m'indiquait par une de ses mains serpents à une très petite fourmi rouge qui se trouvait comme la seule habitante d'une fourmilière qui était enveloppée des toiles d'araignées.

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-C'est ma femme, Um Rajab. Elle souhaite à toi la bienvenue. Elle s'est réveillée à peine peu d'instants avant. Dit Abu Rajab.

J'étais vraiment abasourdi. Est-ce qu'il était possible que la mère d'Ali fût une fourmi?

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-Où se trouve-t-elle, ta femme? Je ne vois rien et personne. Je vois devant moi seulement une fourmi enveloppée des toiles d'araignées. Rétorqua-je en m'adressant le monstre sans peur ni hésitation.

-Bien sûre, tu t'imagines des phénomènes surnaturels qui n'existent pas. Où est-elle, la fourmi? Montre-moi les toiles d'araignées, montre-moi la fourmilière. Me demanda Abu Rajab.

-Il me semble que nous vivons dans deux mondes, l'un est noir et l'autre est blanc. Je ne sais pas quel est le vrai monde. Répondis-je.

Je fis plusieurs pas dans la jungle en cherchant mon ami Ali. Quelle surprise, en haut sur une branche d'un arbre gigantesque j'étais consterné et ébahi de me trouver en face des quatre petites fourmis noires, toutes enveloppées de toiles d'araignées.

-Ce sont mes quatre filles, chacune à moins de dix ans. Elles dorment encore dans la chambre à coucher à côté d'Ali. J'ai perdu l'année dernière mon fils aîné, Rajab, dans un accident de la route. La seule voiture dans le quartier l'avait écrasé dans la place de la mosquée. Dit Abu Rajab.

Je me frottais les yeux plusieurs fois pour pouvoir voir les quatre petites filles. Malheureusement, je ne constatais que de quatre petites fourmis. Puis, je jetais un regard circulaire autour de moi en cherchant mon ami Ali. "Où se trouve-t-il maintenant?" Je me disais. Hélas!!Mes tentatives et mes efforts de trouver le petit Ali furent échoués. Il n'y avait aucune trace d'Ali dans la jungle.

-Il me semble qu'Ali n'est pas ici. Je ne constate aucune trace de lui. Adressais-je les paroles au monstre.

Tout à coup je pouvais entendre la voix d'un très petit oiseau me disant.

-Regarde, Amin, je suis ici dans la chambre à coucher. C'est très tôt et il sera impossible pour moi de sortir pour m'amuser avec les garçons du quartier tant que mon père est encore dans la maison.

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En effet, l'oiseau incarcéré dans une cage, m'adressait les paroles. Enfin je me décidais de quitter cette jungle le plus tôt possible. Je me tournais sur les talons et je me précipitais d'échapper ce monde étrange et absurde, la maison d'Abu Rajab. Avant sortir, le père monstre se mit à rire. D'une façon inattendue il a appelé sa femme de venir pour me voir. J'attendais pour quelques instants afin que la mère de mon ami, le petit Ali, se présentât. Toutefois, je ne voyais personne. Mais le père monstre reprit de s'adresser quelqu'un.

-Regarde, chérie, ce petit, l'ami d'Ali, il m'adresse comme si je suis un monstre.

Quelque chose bougeait à l'intérieur de cette jungle. La fourmi enveloppée de toiles d'araignées se dirigeait vers la porte avec difficulté. Tandis qu'elle rampait en se trainant lentement sur la terre de la jungle, le monstre venait vers elle et était en train de l'écraser. Avec une vitesse formidable la fourmi se sauvait des pieds horribles du monstre. Le moment où je me suis trouvé au dehors de la maison j'ai vraiment remarqué qu'un être humain et ne pas une fourmi était actuellement enveloppée par des tissus noirs. Je me dis que c'était en réalité la mère de mon petit ami, Ali, et la femme du monstre. La mère se cachait derrière un voile noir et épais. Elle se tenait debout dans le coin sombre de l'entrée. Elle ne pouvait pas s'exprimer clairement et librement car elle parlait seulement quand son mari, le père-monstre, le lui permit. Quand même, je m'adressais à elle.

-S'il te plaît madame, je veux parler à Ali moi-même. Cette idée d'un monstre qui poursuit et chasse toujours les petits de notre quartier est devenus une réalité. A cause de cela tous les petits restent toujours chez eux. La peur, la peur est maintenant le roi de notre quartier. Quant à moi, quelquefois je doute que le monstre soit réel. C'est pourquoi je suis venu ici pour parler avec ton petit. Pourtant, madame, et à ma surprise, je me trouve actuellement en face d'un vrai monstre, le père-monstre. Chez toi, en réalité, est une jungle, et toi, tu es une fois une petite fourmi et une fois une créature qui se cache derrière la porte et enveloppée par un voile noir pour parler avec moi. Dis moi, mère de mon ami, ton petit, où est' il maintenant? Je m'imagine qu'il est l'oiseau de la cage.

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Tandis que je parlais avec la mère de mon ami, le père-monstre est devenu très furieux et bougeait toutes les têtes et les bras. Même des flammes se jaillissaient de sa tête de serpent à sonnettes à l'intérieur de la maison. La mère essaya de m'adresser prudemment.

-Ecoute-moi Amin, mon petit, depuis sa naissance, n'avait jamais quitté notre maison. En effet, il était incarcéré dans une petite chambre, une sorte de grenier, avec une petite fenêtre au plafond. Pendant les dernières cinq années je lui apportais le minimum de la nourriture nécessaire. Personne n'était permit de lui faire des visites, même pour une courte durée.

-Donc, c'est depuis cinq ans de sa sortie au monde que ton petit n'avait jamais quitté sa prison, le grenier. Interrompis-je la mère du petit Ali.

-Oui, oui, tu as raison. Depuis cinq ans son père lui interdisait de sortir, car le père croit que son fils doit rester toujours chez nous pour être sous la surveillance et sous l'autorité complète de son père. Mon mari croit que son fils est un génie et qu'il sera un jour un homme mondialement célèbre et renommé. Donc, le père incarcérait son enfant dans le grenier pour lui enseigner l'art d'être un homme d'importance.

Donc, c'était l'énigme de mon ami Ali, le fils du boulanger de notre quartier. Il n'avait jamais sorti de chez lui et n'avait jamais échappé la surveillance des yeux de son père. Celui qui avait l'habitude de courir dans les sentiers de notre quartier n'était que son ombre qui voulait nous avertir du monstre qui existait parmi nous et dont le but principal était de répandre la peur au milieu de notre communauté et surtout parmi les petites filles, les femmes et les petits garçons.

A mon étonnement, quand le père-monstre était sorti de chez lui et se rendait au dehors, toute sa physionomie se changea. Il était devenu un homme comme tous les autres dans son chemin à son travail quotidien. Il marchait innocemment vers sa boulangerie. Il saluait tout le monde. Personne n'avait observé ou remarqué que cet homme était la source de la peur dans notre quartier. Quant à la mère de mon ami Ali, la petite fourmi, elle se cachait obstinément chez elle, séquestrée comme une prisonnière, une esclave, condamnée à la prison à perpétuité.

Après ma visite chez mon ami, le petit Ali, celui-ci ou plus précisément son ombre, avait cessé à courir dans les sentiers du quartier en criant "le monstre, le monstre". Car le moment où le père-monstre était au dehors de chez lui dans le chemin à son magasin, un foudre du ciel le fatalement frappait... et son fils derrière lui, était mort... de la peur.

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