Ombres
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La petite fille ombre
Un autre petit, un de mes amis, était une petite fillette. Les traditions de notre quartier et de notre communauté interdisaient sévèrement, même absolument, la sortie des petites filles pour s'amuser et jouer au dehors du foyer de la famille. Les petits garçons seulement, au début de l'âge de quatre ans, et même moins que ça, étaient permis de sortir au dehors de la maison pour s'amuser dans les allées étroites et près de la source ou même dans le charmant petit cours d'eau dans lequel nous nous amusions très souvent et où nous pêchions de petits poissons soit à la main soit à l'aide de petits filets. Les poissons que nous portions chez nous étaient grillés au feu qui s'allumait dans la cour de la maison.
Il était toujours la tradition en application que seulement les petits garçons pouvaient s'éloigner des yeux surveillants des parents. A cet âge précoce, de quatre à cinq ans, les petites filles restaient séquestrées tout le temps au foyer de la famille sous la surveillance constante du père et des autres membres masculins de la famille et du clan. Les filles s'étaient occupées d'un âge précoce d'aider la mère dans le ménage de la maison surtout de participer avec la mère à l'élevage des enfants de la famille plus jeunes qu'elles. La petite fille se chargée de l'élevage de petits de la famille, n'avait pas le temps pour s'amuser au foyer de la famille avec les autres petites filles qui auraient venues des familles voisines. La fille qui assumait des responsabilités plus au moins lourdes et importantes chez sa famille n'était pas aussi permise de sortir de chez elle pour assister à l'amusement de petits garçons.
Cependant, cette petite fille ne se présentait pas devant moi en chair et sang. Je ne connaissais pas la couleur de ses cheveux ou la couleur de ses yeux. Je n'avais, par conséquent, jamais vu sa robe ou la façon dans laquelle elle marchait. Etant invisible on pouvait imaginer qu'elle était une très jolie et charmante petite fille.
Son ombre représentait le seul signe qu'elle existât et qu'elle fût vivante. Cette fille invisible était un phénomène unique. Il était un événement particulier d'avoir l'ombre d'une fillette constituante un membre du groupe dont les membres étaient tous des petits garçons. Dans toute l'histoire de la communauté jamais on ne racontait qu'une fillette ou son ombre avait le courage de sortir de chez elle et de s'amuser, de temps en temps, avec les garçons du quartier.
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N'importe où je me déplaçais, l'ombre de mon amie m'accompagnait partout à côté de ma propre ombre. Quelquefois je constatais qu'elle marchait prés de moi soit en dansant soit en chantant. Le mouvement d'ombres de ses mains donnait la preuve qu'elle dansait joyeusement et librement.
Pour elle le soleil brillant et brûlant, le clair de lune fascinant et éclatant et n'importe quel genre de lumière étaient nécessaires pour son existence. Sans lumière, le monde aurait été dominé par des ténèbres sombres où mon amie, la petite fillette, n'aurait pas pu exister même pour peu d'instants. Les ténèbres et l'obscurité de la nuit sans le clair de lune signifiaient pour elle la mort. La lumière lui donnait la vie. La lumière lui fournissait la force et la volonté nécessaires pour continuer à vivre. La vie de cette fille ombre s'associait étroitement et fondamentalement avec la lumière.
L'ombre de cette petite fille et la mienne se mêla depuis le lever jusqu'au coucher du soleil et l'arrivée de la nuit illuminée par le clair de lune. Nos ombres à ce temps-là normalement s'allongeaient infiniment jusqu'à ce que les deux se plongent au fond de l'horizon. Là-bas mon ombre et celle de mon amie se préparaient pour le lendemain. Nos deux ombres se couchaient sur des ondes de la lumière toute la nuit dans un monde infini. De temps en temps, des étoiles de lumière étincelante s'approchaient de nous et jetaient sur nous de la couverture d'une lumière faible et blême.
L'histoire de mon amie, la seule petite fille, qui nous regardait tandis que nous jouions dans la grand-place ou prés de la source, est angoissante aussi bien que triste et tragique. Sa mère la porta dans son ventre pour sept et ne pas neuf mois comme la majorité des autres nouveaux nés. La grossesse de la femme du maître de la maison passait dans une façon normale et sans aucune difficulté.
La mère souhaitait toujours d'avoir une fillette et ne pas un garçon. Elle ne se confiait pas son souhait et son désir à personne surtout à son mari qui insistait d'avoir toujours des garçons. Elle était au courant des histoires qui circulaient dans les foyers du quartier et selon lesquelles certaines filles déjà nées ou d'un âge de peu de mois avaient disparue dans des circonstances soupçonneuses.
De l'autre côté, la mère de la fillette était jalouse de toutes les mères qui étaient privilégiées, selon elle, d'avoir plus qu'une fille parmi leurs enfants. Au même temps, elle était certaine que si elle avait donné la naissance à une fille, ça aurait été considéré comme une catastrophe pour son époux et tous les membres masculins de sa famille. Cette mère, malheureuse, qui souhaitait d'avoir une fille plutôt qu'un garçon, avait déjà donné la naissance à cinq enfants, tous mâles et tous étaient vivants. Donc l'arrivée de la fille signifiait la naissance de la première femelle dans la famille.
Au jour de l'accouchement tout le monde se rassemblait soit à l'extérieur soit à l'intérieur de la chambre de la mère. En effet, tout le monde restait au dehors de la chambre sauf le mari, la sage-femme et moi-même. Avant d'entrer dans la chambre il y avait de conversation parmi les membres de la famille et le père.
-Je suis sûr que le nouveau né est un garçon. Il sera la dernière récolte de ma vie conjugale féconde. Je serai le père de six enfants, tous garçons et de la même mère. Avec l'arrivée de nouveau garçon je serai dans le quartier et dans la communauté plus respectable et plus vénérable. Beaucoup de gens, surtout ceux qui ont plus des filles que de garçons ou qui ont seulement des filles ou qui n'ont rien, seront jaloux de moi. Je suis sûr que le nouveau né sera un garçon qui portera le nom de la famille. Dit le père orgueilleusement et avec une fierté exceptionnelle en s'adressant ses garçons dans un ton d'optimisme et de confiance.
-Et si le nouveau né est une fille, qu'est-ce que tu vas faire et comment tu vas te réagir? Lui demandait sa soeur aînée, veuve depuis quinze ans et qui avait donné la naissance à huit filles, toutes mariées et un garçon, le dernier de ses enfants.
-Ce n'est aucunement probable que le nouveau né soit une fille. Je veux que tous mes enfants soient de gendre masculin. Une fille sera pour moi un désastre, catastrophique, un fardeau lourd et une malédiction horrible. S'il te plaît, chère soeur, ne me raconte pas de telles idées. Rétorqua l'époux de la femme enceinte.
-Sois sûr que tu vas être le père d'une fille. Il n'y a pas d'autre possibilité. Prépare toi pour recevoir la première fille de ta famille. Répondit la soeur aînée à son frère qui ne voulait pas entendre de telle possibilité.
Tous les membres de la famille qui se trouvaient dans le salon jetaient de coups d'oeil méprisants sur l'époux de la femme enceinte. Tous les gens qui attendaient se taisaient. A ce moment-là, on pouvait entendre de cris de douleur et des gémissements venant de l'intérieur de la chambre. L'époux faisait son entrée dans la chambre de l'accouchement rapidement pour assister aux moments décisifs de l'accouchement. La sage-femme utilisait habilement et astucieusement les deux mains pour faire sortie la tête de l'enfant du ventre de la mère. A vrai dire, cette vieille dame de soixante cinq ans était la sage-femme pour tous les enfants de l'époux de la femme qui poussait les cris d'angoisse à ce moment-là.
L'on dit que c'était le moment pour la sortie de l'enfant du ventre de la mère en douleur. Le père, la sage-femme, moi-même et les gens qui attendaient la nouvelle se tenaient en silence et se fixaient leurs regards sans cesse dans le vide. La douleur de l'accouchement se terminait et la mère cessait de pousser des cris angoissants. Le ventre de la mère n'était plus gonflé comme une grande pastèque. Malheureusement, rien ne sortait du ventre de la mère à l'exception des cris d'un bébé tantôt faibles et tantôts perçants qui venaient d'une ombre qui sortait du ventre de la mère.
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Le père s'étonnait de cet événement presque surnaturel et était en train de perdre sa conscience. La sage-femme tenait la nouvelle née à deux mains.
-C'est une très jolie et charmante petite fille. Dit la sage-femme avec joie et satisfaction. C'est une fille et n'est pas un garçon.
-Mais la fille où est-elle? C'est une énigme. Je ne vois que l'ombre d'une petite créature. Où se trouve telle ta fillette, l'enfant qui a sorti du ventre de la mère? Dit le père qui était devenu en colère.
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-C'est seulement l'ombre de ta fille. C'est un miracle. C'est la première fois qu'une mère accouche une ombre, celle d'une fille. Rétorqua la sage-femme qui encore portait l'ombre de la fillette dans ses mains.
-Quelle malheur, quel malheur, une petite fille. Quelle surprise!!L'ombre d'une petite fille. Répliqua le père qui semblait être très cassé de la surprise.
-Cette ombre vivra comme toutes les autres filles, mais elle ne sera jamais visible. C'est à la fois un miracle et une énigme. Dit la sage-femme dans un ton de certitude.
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-Je doute que ma femme était enceinte. A vrai dire, elle avait une fausse grossesse. Répliqua le père de l'ombre.
-Ne dis pas ça. Ta femme a cessé d'avoir la règle depuis sept mois. Je suis au courant de la grossesse de ta femme depuis le commencement. Répondit la sage-femme tranquillement et sans être perturbée par la colère du père de l'ombre.
-Oui, je te le confesse qu'après le quatrième mois j'ai mis la main sur le ventre de ma femme et je sentais qu'un être humain vivant bougeait sa dans ventre. Déclara le père en se penchant la tête.
L'ombre d'une petite fille née pour la première fois dans l'histoire de l'humanité épouvantait tout le monde. Personne aux premiers jours de cet événement ne croyait à la vérité de la nouvelle. Malheureusement, les gens du quartier doutaient que la naissance d'une ombre était possible à l'exception de petits garçons du quartier et moi-même. Les garçons s'exaltaient et s'excitaient parce qu'une petite fille dans peu d'années pourra sortir de chez elle pour nous regarder nous amuser.
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A l'âge de trois ans, la petite fille, l'ombre, a commencé à sortir de chez elle. Personne ne l'empêchait de sortir de la maison parce qu'il était impossible d'interdire une ombre qui se déplace librement. Les petits garçons du quartier se sont devenus heureux de savoir qu'une petite fille, même si elle restera une ombre, se trouvera parmi eux pour regarder les jeux des garçons et pour apprécier la façon dans laquelle ils s'amusaient. Peu à peu les petits acceptaient le fait que cette petite fille était seulement une ombre. Pour eux, l'ombre d'une fille était mieux qu'une fille réelle mais qui restera cachée et incarcérée chez elle jusqu'à la mort.
La mère de la petite fille voulait discuter l'avenir de sa fillette avec le père qui se taisait et devenait muet au moment sa fille ombre était née. Le père n'acceptait pas qu'un de ses enfants fût une femelle, bien que seulement une ombre, invisible et irréelle. En bref, le père était devenu malheureux et misérable à cause de l'arrivée de la petite fille, l'ombre.
Malgré la fureur et la rage du père et de la perplexité et de l'étonnement de la communauté, la petite, quoiqu'une ombre, avait survécu. Elle sortait de chez elle systématiquement et sans cesse pour nous regarder jouer et nous amuser. Au début, le père la suivait partout en portant à la main un voile tout noir pour la cacher. Le père croyait profondément que la fille, quoique une ombre, ne devait pas être visible aux yeux des étrangers........ c'est-à-dire à l'exception des membres très proches de sa famille. La destinée finale d'une fille, croyait-il, était de se marier, d'engendrer des enfants, d'obier son époux aveuglement et rester chez son mari à toujours sans avoir le droit de sortir jusqu'à la mort. Elle sortira de chez elle portée dans un cercueil au cimetière. Au passé on a raconté qu'une femelle devait être enterrée à minuit à cause de la honte d'avoir un membre de la famille une femelle. Néanmoins, malgré toutes ses convictions banales, le père s'arrêtait à poursuivre sa fille.
Chaque matin, la petite fille ombre, mon amie, se précipitait pour sortir de chez elle pour nous joindre et pour nous regarder jouer et nous amuser. Chaque petit garçon se habituait de voir la petite fille ombre. Sans elle et sa présence permanente avec nous, les petits garçons, la vie aurait été totalement impossible et insoutenable. Chaque soir avant le coucher du soleil et avec les dernières lueurs du crépuscule, l'ombre se précipitait chez elle derrière l'horizon. Pauvre petite, sa vie était courte, plus courte que celle d'une fleur printanière qui fut écrasée brutalement par un monstre cruel et féroce.
Un jour, je me suis réveillé plus tôt que normal. Tous les membres de la famille dormaient profondément dans leurs lits. Même, mon père, qui avait l'habitude de faire la prière de l'aube, dormait comme un enfant. J'avais le sentiment qu'un événement grave aura lieu prochainement ou tout de suite. Deux de mes cinq frères s'endormaient avec moi dans le même lit. Je me retirais prudemment de mon lit et me dirigeais vers la seule fenêtre de la chambre qui était bien ouverte. J'avais l'intention de regarder le lever du soleil. Au lieu de la lumière de la flamme éternelle du ciel, je témoignais l'obscurité et les ténèbres. Il n'y avait pas un seul signe des lueurs matinales. L'aube ne se présentait pas.
Je jetais de coups d'oeil partout dans les alentours de notre maison pour découvrir une seule étincelle n'importe où dans l'horizon. Malheureusement, l'obscurité continuait à dominer. Après quelques instants d'attente et de confusion je suis arrivé à la conclusion que le soleil s'était éclipsé. Le soleil se subissait à une éclipse totale. Le monde pour un jour perdit la source de la lumière et de la chaleur. Le paysage devant moi ne se montrait aucun signe de vie. Je me dis à ce moment-là qu'il n'y aura pas d'ombres dansantes, d'ombres vivantes. Tout soudain je me dis que la petite fillette ombre, la seule fille qui nous accompagnait, s'étouffera, elle certainement mourra, ou elle était déjà morte parce que sans lumière la vie n'aurait pas été possible pour la petite fille.
Dans des événements semblables tous les hommes et les enfants du quartier se rassemblaient dans la grand-place du quartier devant la mosquée. Tous les petits garçons qui se présentaient dans la place comme les autres gens du quartier battaient leurs tambours afin que le soleil se libérât du démon qui l'avait caché derrière un voile épais et noir.
Le battement du tambour continuait sans interruption, mais hélas, sans résultat. Normalement, l'éclipse du soleil ne reste qu'une courte durée. Rarement dans l'histoire de notre quartier l'éclipse ne dura au maximum qu'un quart d'heure. A notre étonnement, le soleil restait mort. Comme résultat, je m'argumentais, la petite fille ombre était devenue une histoire à raconter. Tous les petits garçons à la fin de la journée sombre et ténébreuse pleuraient car la jolie ombre se cédait à la volonté de la haine et de la superstition.
Au lendemain, le soleil se leva dans l'horizon. Je pouvais constater les larmes coulant abondamment sur son visage doré. De chez moi, je m'en sortais vers une des collines encerclant notre communauté. Là-bas, au faîte de la dune, j'avais vu une fleur, la plus belle fleur que l'on ait jamais vu, une fleur blanche et bleue, qui me donnait un sourire captivant tandis qu'elle ondulait en dansant librement. Il me semblait qu'elle s'amusât avec la brise matinale, avec les lueurs de l'aube, avec toute l'ambiance riche autour d'elle. Je m'en approchais doucement et furtivement et en souriant. O!! Quelle odeur rare et sublime. Je me suis demandé si j'étais actuellement en face d'un miracle.
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Quand je me trouvais exactement près de la fleur, une ombre s'apparaissait devant moi, celle de mon amie. Tout à coup, j'ai entendu une voix venant du ciel qui disait en chantant:
Mon ami, le petit garçon, un jour et bientôt, je reviendrais, je reviendrais, mais pas comme une ombre faible, cachée, incarcérée, séquestrée, persécutée, méprisée et écrasée, mais comme un être humain, comme tout le monde. Je reviendrais plus forte, plus solide, et je lutterai pour me libérer de l'esclavage. Je reviendrai pour partager avec vous, tous les garçons, quand vous serez des adultes, le devoir de bâtir un monde dans lequel tous les membres de la communauté, mâles et femelles sans exception, ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Je reviendrai pour être pas seulement une épouse et une mère, mais aussi comme un membre de la communauté qui travaille pour bâtir le nouveau monde libéré de la superstition et du préjugé.
Soudain la voix de la fillette a disparu, la fleur n'y était plus. Je me trouvais seul. De la cime de la colline je me suis descendu en me précipitant vers la Grand-Place. Quand je me suis arrivée devant la mosquée, mes amis, les petits garçons, s'en venaient, pressés et s'essoufflant, les yeux bien ouverts et la bouche bée. En effet, ils voulaient savoir où j'étais toute la journée. Car bien d'événements se passaient durant. Il m'emmenait chez la petite fille ombre. Là-bas, quelle horreur. Devant la porte, le père de la petite fillette ombre se trouvait pendu. On me dit que le père s'est suicidé après le jour de l'éclipse du soleil et la mort de sa seule et unique fille.
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